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Lettre N° 70 - L’INACCEPTABLE BANALISATION DE LA VIOLENCE SCOLAIRE (6)
La violence à l’école est désormais devenue un fait divers tout à fait banal. Il ne se passe pas de semaines sans qu’un professeur ne soit agressé par un élève ou qu’un adolescent n’assène un coup de couteau à l’un de ses camarades de classe. Tous les établissements scolaires sont touchés ou presque. Le collège n’y échappe plus, bien au contraire. Et bientôt le mal s’étendra à l’école primaire. Et chacun d’accuser son voisin : les quartiers difficiles, la télévision, la famille monoparentale, l’insuffisance du nombre des surveillants. Si les caméras de télévision sont intervenues à temps, le Recteur accordera quelques postes de surveillants supplémentaires. L’établissement scolaire sera fermé quelques jours puis les choses reprendront leur cours jusqu’à la prochaine agression... pourvu que cela ne fasse pas trop de vagues ! En tout cas, on ne voit pas d’actes de contrition - on dirait aujourd’hui d’actes de repentance - de la part de ceux qui ont voulu à tout prix "socialiser l’enfant". On ne voit pas plus de mesures de fond qui aient été prises par les ministres de l’Education nationale qui se sont succédés depuis une bonne dizaine d’années, au-delà de l’annonce du énième plan anti-violence. Leurs plans sont d’ailleurs aussi efficaces que les plans de lutte contre l’échec scolaire... depuis le temps qu’ils existent tous ceux qui fréquentent les écoles de France et de Navarre devraient lire, écrire et compter couramment... hélas, il n’en est rien ! On ne voit pas, non plus, de critiques de fond de la part d’une opposition tétanisée dès qu’il s’agit de s’exprimer dans les domaines de l’éducation et de la culture ou tout simplement dans le domaine des valeurs. Bref, les premiers ne veulent pas se renier, les seconds ne veulent pas d’ennui, les troisièmes se cachent derrière leur petit doigt de peur d’être taxer de "ringards". D’où vient cette lâcheté collective ? D’où procède cet abandon de ce qui devrait être le plus cher à notre société, le plus précieux pour son avenir : ses enfants ? Sûrement de la conjugaison de plusieurs phénomènes. D’abord, la lâcheté est générale quand il s’agit d’aborder les questions fondamentales, celles des valeurs d’une société. Plus personne n’ose dire dans quelle France il entend que nos enfants vivent demain. Faute de modèle à proposer, il n’y a plus d’idéal commun et le repli sur soi fait le reste. Les réponses données aux grandes questions de ce temps sont uniquement esquissées au gré des pressions médiatiques quotidiennes. Elles sont à peine formulées que la vague suivante a déjà emporté la précédente. La violence scolaire ne fait pas exception, elle fait partie du "zapping" quotidien. Mais, il en résulte aussi que l’école, de son côté n’affiche plus ses priorités. Puisque tout est important médiatiquement rien ne l’est plus dans la réalité des élèves. Et, la violence n’échappe pas à la règle, celle précisément de ne plus être évitée par des règles. Ensuite, l’éradication de la violence scolaire à l’école supposerait que des mesures soient prises sur le long terme, et des mesures fortes même si elles sont impopulaires. Quel responsable politique aurait le courage aujourd’hui de prendre et surtout de tenir des engagements pour une à deux générations d’élèves ? Tout respect gardé pour les professeurs, on entend bien les déclarations ministérielles faites à propos des plans pluriannuels de recrutement des maîtres. Mais, on n’a jamais vu un ministre de l’Education nationale lier ses promesses d’augmentation des effectifs enseignants à l’acquisition effective des savoirs fondamentaux pour tous les élèves, ni à la transmission des valeurs fondamentales d’une société démocratique dont la sécurité pour tous et le respect de chacun sont des piliers incontournables. Afficher des résultats qualitatifs au lieu et place de vagues statistiques qui ne trompent plus personne, voilà qui serait révolutionnaire dans l’Education nationale. Enfin, pour lutter contre la violence scolaire, il faudrait aborder le thème de l’ordre social, expliquer aux enfants que tout n’est pas permis, que la transgression des règles entraîne punitions et sanctions. Et là, ce serait trop ! Ce serait renier trente ans de philosophie soixante-huitarde, autant d’années de psychopédagogie, casser le mythe de l’épanouissement personnel de l’élève, reconnaître que le maître transmet et que l’élève reçoit, expliquer que la discipline n’est pas une règle morale mais la condition élémentaire de la survie du groupe, affirmer que la liberté n’est véritablement respectée que dans la sécurité... Que d’obstacles devant le rénovateur qui oserait prononcer ces mots ! Non décidément, ils ne feront rien, car au mieux ils auront autre chose à faire, au pire, ils auront peur. Et l’école, comme toutes ces institutions qui ne vivent plus que pour se survivre n’y survivra pas. Rassurons-les, elle n’explosera pas. Elle implosera tout simplement. Elle sera progressivement vidée de toute sa substance. L’éducation se fera ailleurs, et autrement. En attendant combien compterons-nous encore de victimes ? Puisqu’ils n’écoutent plus, il ne reste plus qu’à utiliser le moyen que sans doute ils craignent le plus, celui qui les rend inéligibles. Que les victimes de la violence scolaire portent plainte contre les responsables successifs de l’Education nationale. Ils sont responsables et coupables des déviations de l’école. Ce ne sera que justice. Armel PÉCHEUL Tweet |