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Lettre N° 84 –Débat national sur l’avenir de l’école (3)
Le « Débat national sur l’avenir de l’École »… Suite
Nous avions exprimé dans ces colonnes nos plus grandes réserves sur la méthode qui consistait à créer une nouvelle commission pour débattre de l’École.
Nous pensions, et les faits nous donnent malheureusement raison, qu’il s’agissait là d’une nouvelle échappatoire pour retarder, toujours et encore, les réformes que le système éducatif exige. Ces réformes sont toujours aussi urgentes et elles sont parfaitement connues. Les différer ne peut que nuire aux plus grand nombre d’élèves tout en assurant la plus grande quiétude aux responsables politiques, en tout cas pour l’instant.
De fait, il faudra attendre l’année prochaine pour que le gouvernement tire les leçons du « Débat sur l’avenir de l’École ». Il est plus que probable qu’au-delà des effets d’annonces rien ne changera sur le fond. Puis de nouvelles élections se profileront… et il sera urgent de différer l’urgence… on connaît la suite !
En revanche, et très honnêtement, nous n’avions pas prévu que le débat offrirait aux parents, aux élèves, aux maîtres et à tous ceux qui se sont intéressés au « débat », l’occasion de formuler aussi massivement des idées de bon sens.
Les conclusions de la Commission figurent aujourd’hui dans un livre intitulé
Le
Miroir du Débat : sa lecture est bien instructive.
Le miroir a, en effet, révélé l’image de ce que nombre d’entre nous avaient déjà formulé. De sorte que le constat est désormais officiellement partagé par tous puisque plus d’un million de personnes ont participé au débat tandis que cinquante mille messages ont été déposés sur le site Internet du ministère.
Le constat le plus édifiant est certainement celui des deux grandes priorités qui résultent de la synthèse des débats, priorités que les membres de la Commission ont aussi appelées « lignes de force ».
1- Le premier sujet retenu, c'est-à-dire la vraie priorité pour tous, fut le sujet n° 8, intitulé « comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ».
Bref, et cela devrait interpeller nos gouvernants, chacun s’accorde pour demander que l’école se préoccupe en priorité de la maîtrise des savoirs et des connaissances par les élèves.
On voit bien alors que les grandes revendications quantitatives sur les moyens attribués à l’école, les discussions sans fin sur les prétendues vertus de la psychopédagogie, les ritournelles sur la socialisation de l’enfant … n’intéressent vraiment que les professionnels de la contestation ou les plus ardents défenseurs des avantages acquis.
La très grande majorité du public, des parents et des élèves eux-mêmes s’intéresse au contraire et avant tout à la performance de l’élève, c’est à dire à l’acquisition de connaissances et à la maîtrise de savoirs.
Et c’est bien là le premier et l’incontournable rôle de l’École : à trop l’oublier, à confier au système éducatif des missions totalement étrangères à ces objectifs fondamentaux, on a oublié l’essentiel.
Les auteurs de la synthèse du « Débat » concluent alors par un doux euphémisme en évoquant, à propos de la reconnaissance de ce que l’École doit être performante, l’idée d’un « déplacement d’accent ».
Franchement, c’est plus qu’un « déplacement », c’est même plus qu’une révolte : c’est une vraie révolution. Et, si un ministre de l’Éducation nationale avait le courage politique d’affirmer ce qui est pourtant une vérité d’évidence pour le plus grand nombre, il aurait droit à la reconnaissance de la Nation tout entière.
Les circonstances sont aujourd’hui particulièrement favorables puisque que tout le monde le souhaite clairement sauf, bien évidemment, les corporatistes les plus acharnés.
Mais nos gouvernants oseront-ils aller au-delà de la simple incantation et reconstruire le système à partir de cette simple et élémentaire priorité ?
En tout cas, ils n’auront décidément plus aucune excuse !
2- Il est tout aussi remarquable de constater que la seconde « ligne de force » des conclusions du « Débat sur l’École » est celle qui affirme la distinction entre la responsabilité des parents et la responsabilité de l’École.
Là encore, c’est d’une réelle révolution politique qu’il s’agit.
Voilà en effet des années que l’on nous ressasse que l’École doit éduquer, socialiser, apprendre des règles de comportement aux enfants. Comme si ce n’était pas là le rôle premier des parents.
On a ainsi allègrement mélangé éducation et instruction dans une vision totalitariste des choses puisque l’État devait désormais s’occuper de tout et de tous.
Cet État totalitaire, omniprésent, omnipotent, qui dit le bien, le mal, le vrai, le faux, le beau, le laid, etc. n’exerce pas son pouvoir tentaculaire au sein de la seule École. Il est partout, et, malheureusement, chaque nouvelle loi en constitue désormais une preuve tangible.
Mais, c’est bien à l’École que tout commence.
D’où cette idée pernicieuse de scolariser les enfants le plus tôt possible : pourquoi pas à la sortie de la maternité tant que l’État ne prétend pas enfanter lui-même pour plus d’égalité ?
Dans ces conditions, on ne peut que trouver rafraîchissante et propice au développement de la liberté cette « ligne de force » qui consiste à distinguer les ordres de l’éducation et de l’instruction.
Mais il reste encore un pas à franchir pour que ladite « ligne de force » devienne un axe politique : Il faut rendre définitivement la liberté de choix aux parents et notamment la liberté de choisir la meilleure école pour leurs enfants.
Car la vraie synthèse des deux « lignes de force » dégagées par la commission est bien là : une école le plus performante possible et une liberté de choix rendue aux parents impliquent une vraie concurrence scolaire.
Recteur Armel PECHEUL
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