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Lettre N° 90 –Méthode Globale : la réaction du du Docteur G. Wettstein-Badour
Méthode globale : la réaction du Dr G. Wettstein-Badour
Voici les réactions que m’inspire la dépêche AFP de ce jeudi 8 décembre 2005 intitulée : Gilles de Robien supprime la méthode globale d’enseignement de la lecture.
Par cette déclaration le Ministre me semble être tombé dans un piège redoutable. Il va lui être rappelé que la méthode globale n’est plus appliquée en France depuis plus de vingt ans et qu’elle a été remplacée par des méthodes intitulées semi-globales, mixtes, naturelles et tout dernièrement « intégratives » (cf. Roland Goigoux, Libération, 2 septembre 2005) qui vont lui être présentées comme équivalentes aux méthodes alphabétiques puisqu’elles aboutissent, comme elles, pour les enfants qui y parviennent, à la connaissance du « code alphabétique de la langue ».
La notion de « nécessaire connaissance du code alphabétique de la langue » a été introduite pour la première fois dans les textes de la réforme Lang/Ferry (BO Éducation nationale février 2002) puis reprise dans la loi d’orientation Fillon. L’habileté de cette formulation est remarquable car elle permet de faire croire que l’on utilise désormais des procédés alphabétiques pour apprendre à lire aux enfants alors qu’il n’en est rien. Toute l’ambiguïté vient du fait que dans tous les cas la connaissance du code alphabétique est indispensable à la lecture et que le seul élément qui différencie les méthodes les unes des autres est la manière dont on parvient à la connaissance de ce code.
Les méthodes alphabétiques apprennent à l’enfant de manière explicite le lien qui unit les sons aux signes qui les représentent.
Elles partent des lettres qu’elles assemblent progressivement les unes aux autres. Leur démarche, analytique va du simple au complexe.
Toutes les autres méthodes sans exception font découvrir le code alphabétique de manière implicite
, par comparaison de phrases dans lesquelles sont isolés des mots, des syllabes, puis, ultérieurement, des lettres. Elles partent du plus complexe pour aboutir au plus simple. Cette approche de la lecture, contraire aux exigences du fonctionnement cérébral qui, dans tous les cas, doit utiliser la voie analytique, constitue un handicap majeur pour un grand nombre d’enfants.
La totalité des livres recommandés par les Inspecteurs en CP correspondent à cette démarche. Ils exigent que ces pédagogies – et elles seules- soient mises en œuvre dans les classes. La formation initiale dans les IUFM ainsi que les journées pédagogiques sont entièrement axées dans cette direction. Le refus de prise en compte des exigences du fonctionnement cérébral est total chez ceux qui décident des orientations pédagogiques. Les maîtres qui souhaitent appliquer d’autres méthodes sont sanctionnés. Aucun ministre ne pourra changer les pratiques pédagogiques sans l’accord de ceux qui détiennent le pouvoir de décision en ce domaine.
M. de Robien sera donc dans l’impossibilité d’atteindre l’objectif qu’il s’est fixé car à mon avis il va se heurter à des obstacles infranchissables.
S’il parvenait simplement à obtenir que la liberté de choix pédagogique dont les maîtres sont censés disposer devienne effective dans les faits et que ceux qui souhaitent utiliser des pédagogies différentes ne soient plus sanctionnés ou soumis a des pressions intolérables, ceci serait une avancée considérable, permettrait d’espérer un véritable changement
et constituerait une brèche dans la citadelle !
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