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Lettre N° 60 - L’ECOLE LIBRE
Éric Mirieu de Labarre, maître de conférences à l’université Montesquieu de Bordeaux, a succédé, il y a un mois, à Philippe Toussaint en tant que président de l’Union nationale des parents d’élèves de l’enseignement libre.
Contrairement à l’habitude (Philippe Toussaint avait déjà fait exception en se présentant une première fois, sans succès, contre le candidat désigné par les bureaux de l’enseignement catholique), deux candidats étaient en compétition pour la présidence de l’UNAPEL. Une telle compétition paraît préférable à la situation qui a prévalu pendant longtemps, quand une minorité " éclairée " imposait ses représentants à une base docile - et plus démocratique -. Le nouveau président enseigne le droit public, spécialité précieuse pour l’école catholique alors que, la tentative de révision de la loi Falloux ayant échoué, ses difficultés financières demeurent et s’amplifient. La volonté qu’il a exprimée, selon Denis Lensel dans Famille chrétienne du 4 juin, que " toutes les familles aient la liberté de choix de l’école de leurs enfants " et le sentiment qu’il a que " il existe à l’intérieur de l’école catholique une certaine timidité à l’égard des pouvoirs publics " nous paraissent parfaitement fondés. Les difficultés de l’école catholique ne se limitent pas aux seuls aspects financiers. C’est ainsi que la tension persiste avec le SNEC-CFTC à propos du statut des maîtres (notre numéro 55 de mars 97). Plus inquiétant, peut-être, est le découragement qui gagne certains de ceux qui sont attachés depuis toujours à l’école catholique. Une lettre à ses donateurs, datée de ce mois, de l’AEE d’Ile-de-France qui collecte des fonds pour aider les écoles dans le besoin exprime, courageusement, la lassitude de correspondants qui se plaignent de la " disparition progressive du caractère catholique des établissements " ou de " l’ouverture des écoles à n’importe qui ". Nous doutons que la réponse des auteurs de cette lettre ait convaincu tous ses destinataires, tant il est vrai que les dégâts causés dans l’enseignement catholique pendant trente ans par " l’esprit de mai 68 " sont importants. Mais si l’on veut le soutien de tous, il faut au moins que ceux qui ont des responsabilités au sein de l’école libre ne portent pas atteinte à son unité. Il est parfaitement clair que la réunion des 800 000 parents d’élèves de l’école libre au sein de l’UNAPEL a été un élément déterminant du rejet du projet Savary. Nous avions signalé (numéro 52 de juin 96) les propos de Pierre Daniel, secrétaire général de l’enseignement catholique, menaçant l’UNAPEL de lui retirer son statut de " seule association de parents d’élèves ". M. Daniel a la hantise de " l’infiltration " dans l’enseignement catholique de sympathisants du Front national et, horresco referens - le latin est de circonstance - de traditionalistes. Lui qui veut une " école ouverte à tous " frémit à l’idée que des gens d’un avis différent du sien puissent exercer des responsabilités sans être sous sa férule. Ses amis n’hésitent pas à coller ces étiquettes à ceux qui lui déplaisent. Souhaitons que ses tuteurs sachent, à l’instar de Salomon, donner raison à celle qui préfère laisser son enfant à une autre plutôt que de le faire couper en deux. Lucien Gorre
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