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Lettre N° 47 - ATTENTION, DANGER !
Personne ne déplore de voir la campagne pour l’élection présidentielle submergée par les débats relatifs à l’avenir du système scolaire ! Dans les grands moyens de communication, et aussi vraisemblablement dans l’opinion publique, c’est le silence sur cette question.
Certes, à moins d’être de simples marionnettes médiatiques, tous les candidats avaient prévu de lui consacrer un chapitre de leur programme. N’oublions pas que, parmi eux, on compte M. Jospin qui est l’un des ministres qui aura laissé la trace la plus durable (et la plus nocive) à l’Education Nationale. Quant à M. Jean-François Hory, s’il maintient sa candidature, il pourra toujours reprendre les propos qu’il publiait dans Le Monde (en juillet 1993) contre la révision de la loi Falloux et dire que "la République est déjà assez bonne fille en tolérant l’obscurantisme pour qu’on ne lui demande pas en outre de le financer." Il est, bien entendu, d’autres candidats au programme plus attractif que ceux que nous venons d’évoquer. Mais, force est de constater que, selon un mot désormais célèbre, ils ne rencontrent pas d’écho. Pour ne pas être accusé de débiter un catalogue de promesses, chacun doit mettre sous le boisseau les mesures qu’il préconise. Mais, à qui la faute ! Lorsqu’un institut de sondages, tenu pour sérieux, interroge les Français sur leurs vœux, semaine après semaine, on constate que sur les problèmes les plus divers (plus ou moins de fonctionnaires, d’immigrés, d’impôts, de protection sociale, etc.) une majorité se prononce pour laisser les choses en l’état, encore que chacun pense que cela ne peut durer longtemps ainsi ! Réaction de vieux peuple, désabusé par deux septennats de mensonges, qui pense que, vraiment, il n’est plus temps de planter à cet âge. Allez parler d’éducation dans ces conditions. Les intéressés eux-mêmes ne souhaitent aucunement voir les choses bouger ; aussi minime qu’elle soit, la moindre perspective de réforme soulève un tollé. Ainsi, depuis quelques mois, a-t-on vu les étudiants des I.U.T. (évidemment encouragés par les médias) descendre dans la rue parce qu’ils estimaient qu’une circulaire, à vrai dire assez malencontreuse, mettait en cause leur droit à poursuivre leurs études. Sur-le-champ, personne n’a posé le problème de savoir s’il fallait ou non diversifier les formations de l’enseignement supérieur en longues et courtes ; l’accès aux filières longues était tenu pour un droit de tous. On a dû retirer la circulaire pour que les choses s’apaisassent. Quant à la seconde affaire, elle dépasse l’entendement : pour la première fois, dans l’histoire des sociétés modernes, un "grimoire technocratique" - car je ne peux désigner autrement la chose, malgré un souci de ne pas être discourtois à l’égard de M. Daniel Laurent - sorti on ne sait comment des bureaux officiels aura suscité une révolution : un rapport sur diverses mesures souhaitables, essentiellement relatives à l’aide sociale aux étudiants, fut brûlé (ou presque) en place publique. Et M. Balladur dut jurer - ce qu’il fit naturellement - que le rapport ne serait pas appliqué. Je ne sais toujours pas si cela signifie qu’il ne le serait pas dans sa totalité, ou qu’aucune des mesures prévues ne le serait... Personne ne s’étonnera si les candidats se tiennent prudemment à distance : le champ de la bataille scolaire est un méchant terrain d’affrontement. De là, la petitesse des décisions prises par l’actuel gouvernement : lorsqu’on annonce un plan contre la violence à l’école, nous apprenons simplement qu’on demandera à des professeurs "expérimentés" et volontaires d’enseigner dans les zones sensibles et qu’on multipliera les cours d’instruction civique. Mais, ou bien on chasse du système scolaire les élèves indomptables, quitte à restaurer pour eux les maisons de correction, ou bien on en est réduit à ces placebos ! Effrayés parce que les changements qui leur avaient été promis ont échoué, les Français souhaitent peut-être le statu quo. Ils ne l’auront pas. Le gouffre budgétaire constitué par le secteur public, aux besoins sans cesse multipliés, ne peut longtemps perdurer. Ce puissant aspirateur des forces vives de la jeunesse que constitue un enseignement universitaire ouvert à tous, même à ceux qui s’épanouiraient bien mieux ailleurs, ne fonctionnera pas indéfiniment. Maurice Boudot.
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