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Lettre N° 40 - DIX ANS APRES
Fondée le 10 mai 1983, notre association vient d’atteindre son dixième anniversaire, hélas endeuillé par la disparition de l’un de ses administrateurs, qui avait été présent parmi nous dès le premier jour.
En ce temps, M. Savary tentait de faire passer son projet de loi sur l’intégration de l’enseignement privé dans un grand service public, unifié, en même temps qu’il entreprenait la mise au pas de l’enseignement public par l’application du plan Langevin-Wallon, bible des communistes et de leurs alliés depuis la Libération, dont les idées étaient reprises dans une phraséologie destinée à séduire les soixante-huitards. Il nous apparut avec évidence que la défense de l’enseignement privé ne pouvait être confiée aux seuls organismes membres du Comité national de l’Enseignement catholique, qui avait d’ailleurs déjà manifesté une déconcertant timidité et qui statutairement ne pouvait regrouper que les seuls "acteurs" de l’Enseignement catholique, alors que beaucoup d’autres citoyens se sentaient concernés par les principes mis en jeu dans la défense de la liberté de l’enseignement privé. Il nous apparut également que le problème, encore qu’il ait revêtu des formes diverses, était un : la liberté devait être également défendue pour l’enseignement privé et dans l’enseignement public. Ces considérations nous ont conduits à créer notre association, non confessionnelle, indépendante des partis et des organisations plus institutionnelles et dont la vocation est nécessairement sectorielle, que nous pouvons soutenir, aiguillonner et souvent blâmer. Notre seule arme : les idées que nous diffusons (par nos propre moyens, car la majorité des grands médias ne font aucune allusion à nos activités) et que nous partageons, pour une très grande part , avec d’autres associations de province avec lesquelles nous collaborons. Notre seule originalité est peut-être d’insister plus que d’autres ne le font sur les problèmes soulevés par la liberté dans l’enseignement public, liberté qui se confond bien souvent avec sa neutralité. Dix ans après, nous sommes toujours là, avec une situation financièrement très saine, sans avoir bénéficié de la moindre subvention publique (que nous n’avons d’ailleurs jamais sollicitée) grâce à la fidélité de nos adhérents que je dois remercier. Il est absolument impossible de mesurer le bilan de notre propre action, pour la simple raison que nous avons constamment agi dans le même sens que d’autres. Mais je pense, sans vanité, que nous avons apporté une contribution non négligeable en imposant à des "autorités" récalcitrantes l’organisation des grandes manifestations de 1984. Depuis, nous avons exercé une attention vigilante pour dénoncer les plus graves dérives qui risquaient de mettre en jeu l’indépendance même de l’enseignement privé. Simultanément, nous avons été presque (en dehors d’organisations comme le SNALC) les seuls à dénoncer certaines exploitations scandaleuses du service d’enseignement public à des fins politiques. Où en sommes nous aujourd’hui ? L’essentiel a été préservé et le gouvernement actuel tentera peut-être d’améliorer un peu la situation. Mais il n’y a pas lieu de s’illusionner :la complaisance de la majorité du Comité national de l’Enseignement catholique pour M. Lang (ou Jospin) et la timidité du gouvernement tirent dans le même sens ; on ne reviendra pas sur les "acquis" socialistes en matière législative. S’il y aura vraisemblablement révision de la loi Falloux de sorte que ne soient plus limitées les subventions des collectivités locales aux investissements immobiliers de l’enseignement privé sous contrat, c’est aussi qu’il ne s’agit pas d’une loi socialiste ! M. Bayrou, qui a le sens de la mesure et une authentique expérience d’enseignant, gommera les aspects les plus choquants du baccalauréat style Lang (les notes capitalisables pendant cinq ans, le système d’options défavorable aux langues anciennes, etc.). Il a d’autre part tenu des propos très judicieux sur les méfaits du "collège unique" instauré par M. Haby. Mais, entravé par un terrible héritage, solidaire d’un gouvernement qui, même lorsqu’il corrige les décisions, améliore les textes, essaie de prouver qu’il ne fait aucunement "table rase du passé" (socialiste), au point que les Français commencent à se demander pourquoi ils ont voté en mars, il est peu vraisemblable que M. Bayrou puisse aller très loin, à supposer qu’il le veuille. Par exemple, je n’attends pas pour demain la révision de la loi Jospin du 10 juillet 1989 qui, selon la jurisprudence, autorise le port de tchador dans les écoles publiques, ou limite les pouvoirs des chefs d’établissement en matière de discipline de sorte qu’ils ne peuvent faire face à ce développement de la violence et de la délinquance dans les écoles qui est devenu le problème majeur du système éducatif. Je pense qu’en dépit des promesses électorales les IUFM ne seront ni supprimés, ni "profondément modifiés" alors que de telles mesures (qui satisfont d’ailleurs une partie de la clientèle traditionnelle de la gauche modérée) ôteraient l’essentiel de leur venin aux déplorables accords Lang-Cloupet de janvier. J’avais fait de cette décision la pierre de touche de la volonté d’agir des nouveaux gouvernants. J’ai bien peur de devoir bientôt conclure que l’épreuve a été négative... Force est de constater que les velléités de nos gouvernants ne sont guère encouragées par certains "partenaires". J’en trouve un indice dans l’interview accordée au Figaro du 19-20 juin (p. 10) par le secrétaire général de l’Enseignement catholique : si on doit constater un net progrès par rapport au temps où le P. Cloupet nous expliquait qu’il n’avait aucune visée qui relevât du prosélytisme en ce qui concerne la défense du caractère propre : "L’Enseignement catholique n’a de raisons d’exister que par son caractère propre, parce qu’il doit proposer à tous sans l’imposer à aucun sa vision chrétienne du monde", en revanche demeure la même volonté de pactiser avec l’adversaire. A la question de savoir si, à l’heure où le Parti socialiste et les organisations "laïques" se mobilisent contre les propositions de loi actuelle, une résurgence de la guerre scolaire est à craindre, il est répondu : "Je reste très attentif aux maladresses qui, de la part de l’Enseignement catholique, pourraient rallumer cette guerre. Je suis tout à fait ouvert aux précautions qu’il faudrait prendre pour manifester l’état d’esprit dans lequel nous sommes : nous n’avons jamais voulu la guerre scolaire, nous ne la voulons pas, pas plus aujourd’hui qu’hier..." Nous en sommes bien persuadés ! Mais alors pourquoi s’attribuer par anticipation la responsabilité de "maladresses", pourquoi cette défense contre les accusations sans fondement. Dans le combat en question, on sait qui était l’agresseur, l’agressé n’a pas à se justifier de s’être défendu. L’agneau de la fable lui-même ne se laissait pas aussi facilement "culpabiliser". On comprend aisément que les politiques ne soient pas disposés à voler au secours d’organisations tellement timorées. C’est dire qu’il nous reste encore beaucoup à faire. Maurice BOUDOT Tweet |