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Lettre N° 26 - RÉFLEXIONS SUR UNE AUDIENCE...
Nous avions signalé, dans notre précédent numéro, l’entrevue entre M. TRINCAL, Directeur adjoint du cabinet de M. JOSPIN, et les Associations de défense de la Liberté de l’Enseignement. Mme WETTSTEIN-BADOUR, qui y participait en tant que Président de l’Union pour la Liberté de l’Enseignement en Sarthe - UPLES -, nous a adressé les réflexions suivantes. Après de longs mois d’attente, nos Associations et Comités de défense de la Liberté d’Enseignement ont été reçus pour la première fois par un représentant d’un Ministre socialiste de l’Éducation Nationale le 29 juin dernier. Dans l’atmosphère feutrée d’observation courtoise qui caractérise ce type d’entretien, M. TRINCAL, Directeur adjoint du cabinet de M. JOSPIN, a ainsi renoué avec une tradition, interrompue en mars 1988, dont le mérite essentiel est, certes, d’établir un dialogue mais surtout de fournir une preuve officielle de notre représentativité. Qu’il existe encore dans notre pays des hommes et des femmes décidés à se battre pour défendre un pluralisme scolaire qu’il est de bon ton de ne plus considérer comme menacé, peut surprendre. Dans ce silence béni que ne troublent même plus les murmures étouffés des dirigeants de l’Enseignement Catholique, quelles peuvent être les doléances - le mot est à la mode - de ces irréductibles venus des quatre coins de la France, qui s’obstinent à vouloir assurer l’avenir d’une liberté dont plus personne ne se préoccupe ? Et, pourquoi demander la modification d’une législation qui donne satisfaction à ses propres victimes ? Lucides et sans complaisance, s’appuyant sur une étude approfondie des textes législatifs actuellement en vigueur réalisée par des juristes dont la compétence ne peut être mise en doute, ces représentants de parents, d’enseignants, de Français de tous âges et de toutes origines, refusent de laisser au pouvoir politique les moyens de porter atteinte à l’exercice de la liberté d’enseignement. LE FAUX DÉBAT Certes les dirigeants actuels évitent soigneusement toute situation conflictuelle avec les responsables de l’enseignement privé. Ils connaissent, par expérience, l’impopularité de cette querelle. Ils ont appris à substituer aux grandes réformes spectaculaires, rapides et brutales, une série de mesures discrètes, appliquées avec une apparente bonne volonté qui en masque les effets dévastateurs. Dans un souci louable d’apaisement, M. TRINCAL lui-même nous a déclaré que tant que les hommes en place resteraient au pouvoir nous n’avions rien à craindre d’eux. Cette étrange remarque, n’est-elle pas, en elle-même, un aveu ? Qu’aurions-nous besoin d’être rassurés sur les modalités d’application de la loi si celle-ci était porteuse de garanties suffisantes ? Le problème qui se pose aujourd’hui n’est pas de savoir si un Gouvernement - quel qu’il soit - souhaite ou non interpréter la loi avec bienveillance mais d’obtenir que la législation interdise toute possibilité de porter atteinte à cette liberté fondamentale qu’est la Liberté d’Enseignement. L’ART et LA MANIÈRE d’UNIFIER SANS LE DIRE Les mêmes menaces, que nous n’avons cessé de dénoncer depuis 1984, y compris auprès de M. MONORY Ministre de l’Éducation Nationale de 1986 à 1988, continuent à peser de tout leur poids sur le libre choix des familles. Si les conditions actuelles de nomination des maîtres dans l’enseignement privé peuvent aboutir au démantèlement progressif des équipes éducatives, c’est par le biais des restrictions financières que se réalisera le plus sûrement l’unification du système éducatif français. Sans vouloir être exhaustif, citons quelques points essentiels porteurs d’un danger majeur d’extinction du pluralisme scolaire :
C’est cette dernière mesure qui donne au pouvoir politique l’arme la plus redoutable pour marginaliser l’Enseignement privé. En effet, contraint de trouver dans ses ressources propres les moyens financiers nécessaires pour entretenir et rénover ses bâtiments, comment pourra-t-il - même si on lui octroie un nombre suffisant de maîtres - ouvrir assez d’établissements - en particulier de lycées professionnels et techniques dont les équipements sont particulièrement onéreux - pour maintenir son pourcentage actuel d’élèves scolarisés lorsqu’il va falloir conduire 80 % d’une tranche d’âge au niveau du Baccalauréat ? Il y a tout lieu de croire qu’il n’y parviendra pas. Réduit à l’état de peau de chagrin, il deviendra, peu à peu, faute de moyens, un enseignement hautement sélectif et fermé au plus grand nombre, interdisant ainsi à la plupart des familles de pouvoir y faire accéder leurs enfants. Les hommes actuellement au pouvoir savent que rien ne se bâtit sans ressources et que la restriction financière conduit inexorablement à l’asphyxie. Ils savent que le temps réussira là où la force a échoué. Leur seule difficulté réelle aujourd’hui est de faire accepter cette attente à la base. J. POPEREN n’a-t-il pas écrit, en février 1988, à la suite du Congrès de la FEN où Y. SIMBRON avait repris le vieux slogan "à fonds publics, école publique, à fonds privés, école privée" : "Il faudra bien donner un contenu à la formule de SIMBRON (...). SIMBRON a dit ce que pense la base (...). Comme si les réactions de la base P.S. sur cette question n’était pas en harmonie avec celle de la base de la FEN !". Cette base-là est disciplinée et saura, pour atteindre son objectif, faire taire son impatience. Tels sont les faits, complaisamment occultés depuis cinq ans. A chacune de nos visites au Ministère de l’Éducation Nationale nous avons dénoncé ces mesures législatives inacceptables qui mettent en péril l’avenir d’une des libertés les plus fondamentales : celle pour chaque famille de pouvoir choisir, sans contrainte d’aucune sorte, l’école de ses enfants. Nous poursuivrons inlassablement ce combat ingrat et difficile que nous sommes maintenant seuls à mener. Dans peu d’années, lorsque nos craintes seront, hélas, devenues réalités, nous serons rejoints par tous ceux qui, aujourd’hui, se bercent d’espoirs irréels ou vivent dans le confort des fausses sécurités. Mais que restera-t-il alors à défendre ? Ghislaine WETTSTEIN-BADOUR. Tweet |