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Lettre N° 117, 3e trim 2012 - La refondation de l'école ?
La refondation de l'école
L'enseignement de la morale
Vincent Peillon nous promet la refondation de l’école. Il nous promet aussi d'y enseigner la morale, approuvé en cela, selon un sondage IFOP, par neuf Français sur dix.
Jean-Pierre Chevènement tenait, en 1984, avec le même succès dans l’opinion, le même langage, en affirmant que l’école de la République devait assurer la transmission des savoirs, et en promettant des cours d’instruction civique.
Ces promesses n'ont pas tant pour but de rejeter sur un prédécesseur les défaillances de l’école, que de calmer les mécontentements légitimes qu’elles suscitent. Le tempérament bonapartiste de M. Chevènement et l’admiration de M. Peillon pour l’action de Jules Ferry sont suffisamment connus pour que l’on ne doute pas de la sincérité de leur goût pour l'ordre, ni de leur vœu de le faire régner en enseignant une morale, au demeurant toute laïque et pas nécessairement conforme à la morale naturelle.
On ne peut pas dire cependant que les cours d’instruction civique promis par M. Chevènement aient conduit à une amélioration de l’esprit civique au cours de ces trente dernières années.
Les discours des ministres n’ont guère d’effet sur la réalité des choses, qui dépend beaucoup plus de la lutte des syndicats pour défendre leurs rentes de situation et du désir des professeurs de passer entre les gouttes des incivilités et de la violence à l'école.
La réponse que Vincent Peillon vient de faire à Jean-François Coppé, qui demandait un test de lecture, d’écriture et de calcul avant l’entrée au collège, me semble bien illustrer le premier de ces obstacles : « un examen d’entrée au collège n’aurait «pas de sens», parce que : «Faire un barrage de plus, cela va exactement à l’inverse» de «toutes les orientations soutenues unanimement par ceux qui connaissent l'école » ?
La désertion ou la démission des professeurs, fort compréhensible dans les situations extrêmes où ils peuvent se trouver, est décrite par Mattea Battaglia et Sylvia Zappi dans Le Monde du 26 septembre, sous le titre « Pénurie de remplaçants dans les écoles de Seine-Saint-Denis ». On y apprend, par exemple, que chaque année, un professeur sur quatre demande à quitter le département.
L'abdication de l'autorité
Ce n’est évidemment pas le vote par le Sénat d’une proposition de loi socialiste, qui sera sans doute confirmé par l’Assemblée nationale, supprimant la suspension des allocations familiales de parents d’élèves aux absences répétées, qui rétablira le respect de l’école et des maîtres, condition pourtant indispensable de la Refondation de l’école.
Cette suspension des allocations familiales a été instaurée en janvier 2011 par la loi Ciotti qui prévoit, en cas d’absentéisme répété, que l’inspection d’académie demande à la Caisse d’allocations familiales la suspension partielle des allocations.
Il était évidemment prématuré de porter un jugement sur l’efficacité du dispositif. Cela n’a pas empêché Mme George Pau-Langevin, ministre en charge de la réussite éducative, de déclarer : «Alors qu’il y a 12 millions d’élèves en France, 619 suppressions d’allocations ont été effectuées pour l’année scolaire 2011-2012, dont 142 seulement ont été rétablies», et d'en conclure : «A 77%, le dispositif est inefficace car l’enfant ne retourne pas à l’école».
Elle a omis de préciser que, pendant la même période, 60 000 avertissements ont été adressés aux familles, dont 1418 seulement ont dû être suivis d'une demande de suspension des allocations. Ces avertissements ont donc été efficaces dans 98% des cas !
Dans Le Monde du 25 octobre,Françoise Cartron, auteur de la proposition de loi, reconnaît ne pas savoir si les chefs d'établissements ont fait ou non tous les "signalements" à quoi la loi les oblige à l'inspection d'académie, ni combien ils en ont fait.
Elle donne comme preuve de l'inefficacité des mesures coercitives, le taux d'absentéisme, passé en France de 4,3 % pendant l'année scolaire 2009/2010 à 5% pendant l'année 2010/2011; elle voit aussi la preuve qu’une politique coercitive ne fonctionne pas dans les chiffres de la Grande-Bretagne où l’absentéisme ne recule pas pour autant. En Grande-Bretagne, entre 2002 et 2007, il a même augmenté de 0,7 % à 1 %, alors que la politique est extrêmement répressive.
1% est tout de même moins que 4 ou 5% !
Alors que l'absentéisme habituel concerne 300 000 élèves dans notre pays, l'abrogation de la loi Ciotti ne peut qu'en augmenter le nombre, en étant comprise comme une preuve de faiblesse.
C'est évidemment le contraire de ce qu'il faudrait faire pour réduire l'absentéisme et mettre fin à son corollaire, la violence à l'école exercée par des élèves et des parents envers les maîtres.
Un exemple à suivre
C'est dans cette voie de l'exemplarité de la sanction que semble s'engager le ministre de l'intérieur, Manuel Valls.
Lors de l'inauguration d'une mosquée à Strasbourg, fin septembre, il avait averti : "La République sera intransigeante avec ceux qui entendent la contester et je n'hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l'islam et représentent une menace grave pour l'ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs."
En expulsant effectivement un iman tunisien le 31 octobre, à l'issue d'une procédure engagée par son prédécesseur, Claude Guéant, le ministre a prouvé qu'il n'avait pas tenu des propos en l'air.
Alors que le Parlement renonce à sanctionner les manquements à l'obligation scolaire, la mesure courageuse prise par M. Valls ne devrait-elle pas être étendue, en retirant à ceux qui en bénéficient leur carte de séjour en France, quand eux ou leurs enfants se livrent à des agressions contre des maîtres ?
Recteur Armel Pécheul
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