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Lettre N° 135, 1er trim 2017 - Consensus, consensus, consensus
Consensus, consensus, consensus
La ministre de l’Education a publié dans Libération du 15 janvier une tribune libre, intitulée « Le " mammouth " émissaire », qui pare son action délétère à la tête du ministère de l’Education nationale des couleurs de « l’expertise scientifique »[1]. Se targuant d’un travail collectif avec les chercheurs, elle se flatte d’avoir « pu établir un consensus sur la stratégie et les moyens, nous engager sur une dizaine de programmes de recherche, et mettre en œuvre une diffusion des consensus scientifiques chez les enseignants et les cadres pédagogiques pour créer aussi du consensus sur nos politiques éducatives ». Le consensus, trois fois invoqué dans la même phrase, est toujours suspect en matière scientifique, surtout quand il s’agit de sciences aussi incertaines que celles de l’éducation et quand il est le fait d’une caste de pédagogues arrogants et pontifiants. En affirmant, comme elle le fait, que « La prétendue " critique " de l’institution scolaire [.] doit tenir compte de ce qui est, au lieu de pontifier béatement en faveur de la suppression d’une méthode globale d’apprentissage de la lecture… pourtant disparue depuis des décennies », la ministre tente de faire passer pour des imbéciles, selon son habitude, ceux qui ne sont pas de son avis. La méthode globale, stricto sensu, n’a jamais été utilisée…parce qu’elle est inutilisable. Amélie Hamaïde, directrice de l’école Decroly, lieu de la tentative la plus significative de son utilisation, convient elle-même dans un de ses ouvrages qu’il lui arrivait d’avoir recours au syllabique, contrairement à son intention. Si la « communauté scientifique » a bien voulu convenir, il y une dizaine d’années, vingt siècles après Quintilien, de l’utilité d’enseigner le code, elle continue à prôner des méthodes semi-globales, rebaptisées méthodes intégratives, et à empêcher la comparaison de leurs résultats avec ceux des méthodes syllabiques.
Le présent numéro fait le point sur cette question de l’apprentissage de la lecture, dont dépend dans une grande mesure toute la suite d’une scolarité. Cet apprentissage est aussi le cas le plus exemplaire des méfaits des pédagogies importées des Etats-Unis au siècle dernier. Il doit à ce titre être une priorité pour la prochaine majorité.
Recteur Armel Pécheul
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