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Lettre N° 82 – 4ème trimestre 2003
RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ La question de la Laïcité fait partie de ces querelles dont la France a le secret : chacun des protagonistes dissimule ses intentions profondes et le pouvoir en place est à chaque fois immanquablement piégé faute de s’appuyer sur des convictions solides, faute aussi de fonder son action sur les principes juridiques les mieux établis. Quelques convictions. La France est un pays de tradition judéo chrétienne. Cette tradition est une marque de notre civilisation occidentale. C’est notre Histoire, c’est notre Culture. Elle rythme notre quotidien, notre art de vivre, nos rapports avec les autres. Elle modèle les rapports entre les femmes et les hommes et ceux qu’ils entretiennent avec leurs enfants. C’est ainsi que nous nous reconnaissons. C’est ainsi que nous avons voulu vivre ensemble, après maints conflits internes et externes dont certains furent parmi les plus meurtriers. Il existe d’autres civilisations. Elles ont leur propre histoire, leurs justifications. Elles organisent d’autres modes de vie, d’autres rapports à l’autre. Ces civilisations sont objectivement aussi respectables que les nôtres, mais ce ne sont pas les nôtres. Et, en tout cas aujourd’hui, elles sont inconciliables avec la nôtre. C’est bien pourquoi l’Histoire n’est pas terminée, c’est bien pourquoi nous vivons un Choc des Civilisations. Au nom de la liberté des Peuples, on peut refuser que la civilisation occidentale soit impérialiste à l’égard des autres civilisations. Au nom de cette même liberté, on peut même pratiquer la repentance et demander au monde occidental d’expier longtemps le péché de la colonisation. Mais, avec la même logique, il faut fermement refuser l’expansionnisme sur notre territoire d’autres civilisations. Au nom de la liberté de notre Peuple, il faut refuser tout autant notre colonisation. Ne laissons donc pas les civilisations conquérantes s’implanter sur notre sol. N’acceptons des autres chez nous que ce qu’ils accepteraient de nous chez eux. Ce n’est pas à notre République qu’il revient de s’adapter aux autres civilisations : ceux qui choisissent de vivre dans notre République doivent aussi faire le choix de la civilisation dont elle est l’expression. La liberté de conscience et la liberté de religion sont gravement menacées par l’actuel débat sur la laïcité. En France et dans de nombreux autres pays occidentaux, cette liberté de conscience se prolonge nécessairement par la Tolérance, laquelle n’est d’ailleurs pas le laïcisme. Au nom de la Liberté, chacun doit pouvoir croire et même ne pas croire. Au nom de la Tolérance chacun doit accepter que l’autre puisse croire autre chose, ou autrement, ou ne pas croire du tout. Mais la Tolérance ne peut pas aller jusqu’à tolérer l’intolérance. A de très rares excès près, les débats relatifs à la liberté de conscience et/ou à la liberté de religion étaient désormais apaisés dans notre Pays. Fort heureusement, les Catholiques, les Protestants, les Juifs ne s’étripent plus depuis longtemps et ne subissent plus que quelques assauts sporadiques de laïcards impénitents. On pouvait en faire notre affaire sans rouvrir la Boite de Pandore. Cet équilibre, marque aussi du progrès de notre civilisation, ne saurait être remis en cause sans que soient également remis en question la paix sociale et le respect mutuel qui est la traduction concrète de la tolérance. Ne laissons donc pas l’intolérance gagner ce pays. On sait bien ce que les fondamentalismes religieux cherchent à faire auprès des populations les plus fragiles. Chacun voit bien ce que les laïcards les plus revanchards ou les anticléricaux les plus haineux cherchent à en tirer comme profit. Il est plus que temps de leur refuser ce qu’ils exigent et de laisser vivre en paix les religions qui ne demandent surtout pas autre chose que, précisément de vivre en paix. Quelques principes. La France est une République laïque. Ce principe figure à l’article 1er de notre Constitution. Or, la Constitution est pour l’instant la règle suprême dans notre Pays. Faudra-t-il une loi pour dire que la France est bien la France, une loi pour affirmer qu’elle est Républicaine, une loi pour dire que le législateur fait la loi. Quel manque de confiance en soi ! Qui ne voit aujourd’hui que les textes redondants, complexes, conjoncturels tuent toute confiance dans le droit ? Qui ne voit aujourd’hui que l’inflation législative tue la confiance dans le législateur, machine à produire des textes de plus en plus nombreux et de moins en moins respectés ? Pourquoi les intéressés s’inclineraient-ils devant cette loi là alors qu’ils ne s’inclinent plus devant les autres ? Pourquoi un texte sur la laïcité serait-il plus clair que l’affirmation constitutionnelle du principe lui-même alors que les exégètes ne sont d’accord ni sur les adjectifs ni sur les qualificatifs ? La France est-elle ostensiblement ou ostentatoirement laïque ? Et, faudra-t-il une loi pour le port du voile à l’École, une pour les hôpitaux, une pour les services municipaux ? Une loi pour régir les menus dans les cantines scolaires, Une juridiction spéciale de la laïcité ? Il y aura en tout un Haut Comité, ou une Haute Commission ou une Haute Autorité… on peut déjà en être sûr ! Comme si la question centrale n’était pas celle de l’autorité de l’État. Car la Constitution est suffisamment explicite et est dotée de l’autorité juridique nécessaire pour permettre aux tribunaux et aux « autorités » administratives de faire respecter fermement les règles qu’elle prescrit. Encore faut-il le vouloir. Sans doute peut-on admettre que les chefs d’établissements ou les professeurs confrontés à une question hyper médiatisée puissent se trouver désarmés ou en tout cas insuffisamment armés pour lutter seuls. Encore faudrait-il se poser la question de savoir si leur autorité dans l’établissement pour les uns, dans les classes pour les autres, n’est pas l’un des problèmes les plus sérieux de l’Éducation Nationale…et le régler avant toute autre chose. Mais, en tout état de cause, ils disposent d’une hiérarchie et rien n’interdit d’élever une question délicate au niveau de l’inspection académique ou au niveau rectoral. La hiérarchie administrative permet naturellement de prendre du recul et de la hauteur. Mais ils ont si peur des « vagues » ! Tous les citoyens sont égaux devant la loi et loi est la même pour tous. C’est aussi l’un des piliers de notre Constitution et même l’un des fondements de notre République.C’est la seule solution qui permette l’intégration dans notre communauté nationale et l’assimilation de tous à notre identité commune. C’est aussi l’égalité qui justifie le consentement des citoyens au pouvoir politique. C’est du respect de cette règle que procède directement la cohésion nationale. Toute exception à ce principe rompt le modèle unitaire de notre république au profit de l’émergence d’abord, puis de la domination ensuite du communautarisme. Certains le recherchent sciemment en prônant par exemple la discrimination positive. D’autres le provoquent presque naturellement en légiférant pour une catégorie de citoyen ou en désignant expressément des catégories particulières, aujourd’hui en fonction de leur religion, demain en fonction de toute autre forme de pratiques ou de croyances individuelles. C’est bien du contraire de l’égalité qu’il s’agit et à bien des égards du contraire de la laïcité ! Cela ne peut que condamner la Nation à très court terme. Cela remet nécessairement en cause l’intégration puisqu’il n’y aura plus de modèle national à rejoindre. ° ° Dangereuse pour notre civilisation occidentale parce qu’elle ne désigne pas expressément le péril et cède aux moindres provocations, porteuse de menaces liberticides parce qu’elle risque d’affecter en retour la liberté de nos religions, remettant en cause notre État de Droit puisqu’elle ignore la Constitution, validant l’abandon du principe d’autorité de l’État puisqu’il refuse d’appliquer les règles dont il dispose déjà, mortifère pour la République elle-même puisque les communautarismes ne peuvent que dissoudre la France dans ses multiples composantes … Non, décidément non, il faut dire non à une loi sur la laïcité. Recteur Armel PÉCHEUL
C’est sous le titre de La liberté d’enseignement que va paraître, au début de cette nouvelle année le recueil des éditoriaux publiés pendant dix-sept ans dans cette Lettre par notre fondateur, le Professeur Maurice Boudot. Publié aux éditions L’Harmattan, il comporte une préface du Professeur Roland Drago, de l’Institut, vice-président d’Enseignement et Liberté, une postface de notre président, le Recteur Armel Pécheul, et un index des noms cités. Comptant plus de 360 pages, il sera vendu en librairie au prix de 31 euros. En raison d’un coût plus élevé que celui initialement prévu, la souscription ouverte au prix de 16 euros franco a été close le 31 décembre. Une nouvelle souscription a été cependant ouverte pour les retardataires, au prix de 25 euros franco, pour la durée du mois de janvier. Consultez notre site Internet : http://www.enseignementliberte.org
La date limite de dépôt des candidatures aux Prix d’Enseignement et Liberté a été fixée par le conseil d’administration au 31 mars 2004. N’hésitez pas à nous signaler les ouvrages récemment parus qui vous paraîtraient susceptibles de concourir.
Comme tous les deux ans, depuis 1990, les Prix seront remis à leurs lauréats, le vendredi 8 octobre, à 18 heures, au palais du Luxembourg.
Cette manifestation sera précédée, à 15 heures, par une assemblée générale de l’association et par une ou deux conférences suivies de débats. Le thème de ces conférences n’est pas encore arrêté, mais l’on peut penser que l’actuel Débat national sur l’avenir de l’école et de la controverse sur la laïcité dans l’école publique seront toujours d’actualité.
Les destinataires de cette Lettre recevront, le moment venu, une invitation à cette réunion. Vous pouvez d’ores et déjà nous faire des propositions tant sur les sujets que sur des noms d’intervenants ou de participants.
A défaut d’un référendum sur l’éducation nationale, domaine pourtant cité, avec la santé et la protection sociale, pour justifier la réforme constitutionnelle de 1996, élargissant le champ de la procédure référendaire, le débat national sur l’avenir de l’école débouchera sur un projet de loi à la fin de 2004.
Préalablement la commission que préside M. Thélot procède à une « consultation de la Nation sur son École », sous la forme de réunions publiques organisées entre le 17 novembre et le 17 janvier et à travers un forum de discussions sur le site Internet de la commission, ouvert dès maintenant et jusqu'en septembre prochain. Le « miroir du débat », synthèse des réunions et du débat sur Internet élaboré par la commission sera remis en mars !
Vingt-deux sujets, décomposés en « questions possibles » ont été choisis par la commission « pour faciliter la réflexion et nourrir le débat ». En dépit de ces précautions et de la présence de modérateurs sur le site, il s’y passe des choses intéressantes. C’est ainsi que, pour le sujet 22 sur le recrutement des enseignants, à la question possible « Faut-il donner davantage de place à la pratique du terrain dans la formation et le recrutement des adhérents ? » des esprits judicieux répondent : il faut supprimer les IUFM.
Allez les soutenir sur le site http://www.debatnational.education.fr
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